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BENJAMIN FONDANE



1898— Naissance de Benjamin Wechsler à Jassy (Moldavie), le 14 novembre. Fils d’Isaac Wechsler et d’Adela Schwarzfeld. Benjamin est le cadet de la famille ; il a une sœur aînée, Lina, et une sœur puînée : Rodica. Son père est un commerçant dont les parents sont originaires de Hertza, bourgade située dans le nord de la Moldavie. Sa mère appartient à une éminente famille d’intellectuels juifs, son propre père, Benjamin Schwarzfeld, originaire de Galicie, pédagogue et hébraïsant, ayant créé la première école juive à Jassy. Elias, Moses et Wilhelm, les frères d’Adela, sont des érudits notoires. Elias Schwarzfeld a écrit une Histoire des Juifs de Roumanie.

1904-1913— Études primaires et secondaires à Jassy : à l’école Trei Ierarhi puis au lycée Alexandru cel Bun et enfin au Liceul National.

1912— Encore lycéen, il publie dans la revue Valuri (Jassy) sous le pseudonyme de B. Fundoianu.

1914-1916— Collabore aux revues Absolutio, Revistanoastra, Zari senine, Versuri si proza, Revista critica…

1916-1918— Collaboration régulière à Rampa ; publie aussi dans Chemarea. Publie des traductions de poèmes yiddish et ses propres « sonnets bibliques » dans les revues juives Hatikvah, Lumea Evree, Bar-Kochba, Hasmonaea.

1917— Février : son père meurt victime du typhus exanthématique à l’âge de 52 ans. Année d’intense création poétique (cycle « Hertza »).

Fait la connaissance du poète symboliste Ion Minulescu qui l’estime et l’encourage. Par ailleurs, Gala Galaction patronne les débuts du jeune B. Fundoianu dans la presse littéraire.

1918— Publie un drame métaphysique à thème biblique : Tagaduinta lui Petru (Le Reniement de Pierre) aux éditions Chemarea (Jassy).

1919— Quitte Jassy pour s’installer à Bucarest. Passe le baccalauréat au lycée Matei Basarab (Bucarest) et s’inscrit à la Faculté de droit à Jassy. Il abandonne ses études au bout de trois ans. Correcteur auprès du périodique sioniste Mântuirea, dirigé par A. L. Zissu ; collaboration fréquente aux revues Umanitatea, Rampa, Adevarul literar si artistic, Contimporanul, Sburatorul literar.

Il est très actif dans les groupes d’avant-garde de Bucarest, entouré de Ion Vinea, Stefan Roll, Ilarie Voronca, Sasa Pana, F. Brunea-Fox, Marcel Iancu, M. H. Maxy, Iosif Ross.

1921— Publie un volume d’essais consacrés à des auteurs français : Images et Livres de France. Sa préface, où il affirme la totale dépendance de la littérature roumaine à l’égard de la littérature française, suscite de vives critiques. (Une note sur la page de garde annonce un autre volume : Images et Livres roumains, qui ne paraîtra jamais.)

1922— Fonde le théâtre d’avant-garde Insula (« L’île »), inspiré par le théâtre de Jacques Copeau, en collaboration avec sa sœur aînée, Line qui était actrice, et son beau-frère Armand Pascal, metteur en scène.

Écrit une version roumaine du Festin de Balthazar, et probablement aussi de Philoctète.

1923— Fermeture d’Insula à la suite de difficultés financières et de réactions antisémites.
Collaboration à la revue d’avant-garde Contimporanul dirigée par Ion Vinea et Marcel Iancu.
Publie une série d’articles sur Les Révélations de la mort de Léon Chestov dans Adevarul literar si artistic (5 août-9 septembre).
Décembre : départ pour Paris.
Premier domicile parisien : rue des Saints-Pères, dans l’appartement de Remy de Gourmont, où il remplit l’office de gardien et de bibliothécaire.

1924— Printemps : rencontre de Léon Chestov chez Jules de Gaultier.
Arrivée à Paris de sa sœur Line et de son beau-frère Armand Pascal, qui travaille avec Gaston Baty.
Domicile : 15, rue Jacob.

1925— Mars : création de la revue d’avant-garde Integral, dirigée par F. Brunea-Fox à Bucarest. Fondane et Voronca assument la rédaction parisienne de la revue. Fondane y publie de nombreux articles (sur René Clair, J. Cocteau, J. Delteil, J. Copeau) en français.
Il publie aussi des articles en roumain (signés Fundoianu) ainsi que des poèmes roumains écrits avant 1923.
Mai : « Exercice de français », premier poème connu en langue française, dans Contîmporanul.
Octobre : une note publiée dans Integral annonce que B.F. vient de finir un essai : Faux Traité d’esthétique. Il s’agit d’une première version qui ne fut jamais publiée.
Domicile : 19, rue Monge.

1926— Grâce à l’entremise de son ami Ilarie Voronca, Fondane est engagé dans la compagnie d’assurances L’Abeille où il fait la connaissance de Geneviève Tissier.

1927— Collaboration à Integral : textes français et roumains.
Avril : interview de Tzara par Fondane et Voronca dans Integral.

Juin-juillet : numéro spécial sur le surréalisme français et roumain : éditorial de Fondane ; textes de Max Jacob, Tzara, G. Ribemont-Dessaignes, J. Delteil, P. Reverdy, P. Dermée.
Trois poèmes en langue française : « S.O.S. », « À Madame Sonia Delaunay » et « Scènes de la vie des Lapons » (fragment d’un manuscrit intitulé « Projet Ulysse 1927 »).

1928— Fondane se rapproche du groupe Discontinuité, animé par Claude Serrent et Arthur Adamov, et publie dans la revue Discontinuité son poème « Le regard de l’absent ».
Collabore à la nouvelle revue Unu (Bucarest), dirigée par Sasa Pana.
Avril : sortie de son premier livre en français : Trois Scenarii. Ciné-poèmes (Documents de l’esprit nouveau), illustré d’une photo de Man Ray.
La Confession d’un candélabre de L. Zissu, contes hassidiques traduits du roumain et préfacés par Fondane (Paris, Picart).

1929— Janvier : « Un philosophe tragique : Léon Chestov » dans Europe.
Mars : décès de son beau-frère Armand Pascal.
Juin : « Edmond Husserl et l’œuf de Colomb du réel » dans Europe.
Juillet : départ pour l’Argentine, où il est invité par Victoria Ocampo à présenter des films d’avant-garde et à faire des conférences à l’Université de Buenos-Aires.
Septembre : conférence à la Faculté des lettres de Buenos-Aires : « Léon Chestov et la lutte contre les évidences ».
« Presentación de filmos puros » dans Síntesis III.
« Constantin Brancusi » dans Cahiers de l’Étoile.
Octobre : retour à Paris.

1930— Février : termine une première version de Rimbaud le voyou, dont le manuscrit est refusé par Gallimard.
Unu no 22, « Poésie pure : de P. Valéry à T. Tzara ».
Publication de Privelisti (« Paysages ») à Bucarest : poèmes écrits entre 1917 et 1923.
Fait la connaissance d’A. Artaud, dont il défend ardemment le théâtre.
Mars : deux poèmes publiés dans Chantiers no 8, revue de J. Bousquet et R. Nelli.
Printemps : entre aux studios Paramount à Joinville-le-Pont comme assistant metteur en scène et scénariste.
Avril : Unu no 24 : fragments d’Ulysse.
Mai : « Marc Chagall » (en roumain) dans la revue Adam.
Fragments d’Ulysse dans Commerce.
Collaboration aux Cahiers de l’Étoile.

1931— Fondane épouse Geneviève Tissier le 28 juillet.
Collaboration à Unu, où il publie des fragments d’Ulysse.
Collaboration à Sur, revue fondée par Victoria Ocampo.
Prend contact avec les Cahiers du Sud, par l’intermédiaire de J. Bousquet.

1932— Collabore au Journal des Poètes, que L. P. Flouquet vient de fonder à Bruxelles en 1931. En mars, Fondane y publie une anthologie de poésie roumaine ainsi que des fragments d’Ulysse. Juin : Commence à collaborer aux Cahiers du Sud avec un article sur Heidegger : « Sur la route de Dostoïevski : Martin Heidegger » (le même texte paraîtra en espagnol dans Sur).
Travaille au Festin de Balthazar, dont la première version en langue roumaine remonte à 1922.
Il travaille aussi à Philoctète ainsi qu’à une première version du poème qui deviendra L’Exode.
Le 15 avril : emménage 6, rue Rollin.

1933— Publication de Rimbaud le voyou chez Denoël.
Publication d’Ulysse aux Cahiers du Journal des Poètes (Bruxelles).
Collaboration aux Cahiers du Sud : deux articles sur Kierkegaard, un extrait de Rimbaud le voyou, des textes sur le Gogol de Boris de Schloezer, sur l’Ulysse dans la Cité de Voronca ; collabore au Cahier bleu : « À propos de l’Église de M. Céline » et « Lever de rideau » ; aux Cahiers jaunes : « Cinéma 33 » ; et à Documents 33 (Bruxelles) : un fragment de Rimbaud le voyou et « Réponse à une enquête sur le cinéma soviétique ».
Février : commence à noter la teneur de ses conversations avec Chestov. Ces notes formeront plus tard l’essentiel des Rencontres avec Léon Chestov.
Été : tournage du film Rapt en Suisse avec Dimitri Kirsanoff (Fondane avait adapté pour l’écran le roman de Ramuz : La Séparation des races.)
Collaboration aux Cahiers du Sud (« Chestov, Kierkegaard et le serpent », « Une politique de l’esprit : le premier congrès des écrivains de l’URSS ») ; au Cahier bleu (textes sur Gide et Poe) aux Cahiers juifs (« Chagall » et « Proverbes ») ; à Viata Studenteasca, revue d’étudiants roumains publiée à Paris (« Appel aux étudiants » : « Demain, dans les camps de concentration, il sera trop tard. »)

1934— Printemps : rencontre de Martin Buber chez Chestov. La discussion porta sur les événements allemands et européens, sur Hitler, le fascisme et le communisme, ainsi que le « serpent » de la Bible.

1935— Polémique avec Jean Wahl dans les Cahiers du Sud à propos de Kierkegaard, à la suite de l’article « Héraclite le Pauvre. Nécessité de Kierkegaard ».
Visite de la famille : sa mère, sa sœur Rodica et son beau-frère Paul Daniel.
Juin : assiste probablement au Congrès des Écrivains pour la défense de la Paix. Propose son « Discours non prononcé » à Ballard, qui refuse de le publier. Publie dans les Cahiers du Sud son premier article sur Bachelard.

1936— Publication de la Conscience malheureuse chez Denoël : essais consacrés à Chestov, Husserl, Heidegger, Bergson, Gide, Kierkegaard…
Collaboration aux Cahiers du Sud, à Sur, à Schweitzer Annales, à La Revue juive de Genève (« Léon Chestov à la recherche du judaïsme perdu »).
Fin avril : second voyage en Argentine pour y tourner Tararira. Retour en octobre : rencontre des Maritain et d’Ungaretti sur le Florida lors du voyage de retour.

1937— Publication du poème Titanic aux Cahiers du Journal des Poètes (Bruxelles).
Collabore aux Cahiers du Sud, à Sur, au Courrier des poètes (Bruxelles) ; publie un article dans La Revue de Philosophie : « À propos du livre de Léon Chestov : Kierkegaard et la philosophie existentielle ».
Collaboration suivie à la revue Le Rouge et le Noir (Bruxelles) : 7 articles (rubrique intitulée « La philosophie vivante ») et un fragment de Titanic.

1938— Publication du Faux Traité d’esthétique chez Denoël. Novembre : mort de Léon Chestov.
Publie son premier article dans La Revue philosophique : « Léon Chestov et la lutte contre les évidences ». Continue à collaborer aux Cahiers du Sud et à Sur. Collabore à d’autres revues e.a Cahiers blancs (Bruxelles) et Messages.
Obtient la nationalité française (souscription organisée par Ballard et les Cahiers du Sud).

1939— Confie à Victoria Ocampo un exemplaire du manuscrit des Rencontres avec Chestov.
Cahiers du Sud : ses chroniques sont publiées sous la rubrique : « La philosophie vivante ». Participe au débat créé autour du texte de J. Bénet : « Avec des cartes truquées » : « L’homme devant l’Histoire ou le bruit et la fureur ».

1940— Mobilisé (216e régiment d’infanterie à Sainte-Assise, près de Fontainebleau). Fait prisonnier, il s’évade. Repris, il est libéré pour des raisons de santé ; opéré d’appendicite, il est hospitalisé au Val-de-Grâce fin septembre.
Publications dans les Cahiers du Sud (cahier consacré à la pensée hindoue : Au seuil de l’Inde) ; dans La Revue philosophique (« Lévy-Brühl et la métaphysique de la connaissance ») dans Fontaine, dans Sur.

1941— Février : Regagne son domicile rue Rollin.
Commence à réécrire Ulysse.
Hiver 41-42 : écrit Baudelaire et l’expérience du gouffre, qui restera inachevé.

1942— Collabore à Messages, la revue de Jean Lescure, où il publie des fragments de la deuxième version d’Ulysse.
Fréquente Lescure, Lupasco, Cioran, assiste à certains cours de Bachelard en Sorbonne.
Octobre : ses amis argentins tentent vainement de le faire venir en Argentine.

1943— Publie un fragment de son Baudelaire dans les Cahiers du Sud, un autre fragment dans Domaine français, publication de Lescure et Lachenal.
Chroniques sur Jules de Gaultier et sur Lupasco dans les Cahiers du Sud.
Travaille à son poème : Le Mal des fantômes (dont le titre sera choisi pour désigner l’œuvre poétique tout entière) et à L’Exode.

1944— Son dernier texte philosophique Le Lundi existentiel et le Dimanche de l’Histoire est remis aux éditions Gallimard qui le publieront en 1945 dans L’Existence, volume dirigé par Jean Grenier.
Le 7 mars, il est arrêté par la police française, en même temps que sa sœur Line. Ils sont internés à Drancy. Suite à différentes démarches, Fondane est autorisé à sortir du camp. Mais il refuse de quitter Drancy sans sa sœur, Line, qui est encore citoyenne roumaine. Ils sont déportés à Auschwitz le 30 mai (l’avant-dernier convoi de Drancy no 75).
Le 2 ou le 3 octobre, Fondane est assassiné dans la chambre à gaz d’Auschwitz-Birkenau.